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Le ROB JO STAR BAND- RJSB - Son primitif, influences et spirit Il est des mots qu’on n’écrit pas alors qu’ils existent. La faute à qui ? Au bordel de nos vies qui prend le dessus. A la flemme parfois. Aux choix de priorités qui n’en sont pas vraiment. Au temps qui passe. Trop vite. Toujours trop vite. Sprinteur de l’absolu. Il en est ainsi pour les RJSB que j’avais rencontré un après-midi hivernal. Bien sûr, il y a eu cette chronique radiophonique mais que faire de tous ces mots qui restent ? Le printemps touche à sa fin, les jupes raccourcissent, les festivals s’annoncent et me voici seulement à réécouter nos échanges sur la bande pour tenter d’en saisir le sens. Pour tenter de faire prendre sens. Cinq mois pour rédiger l’interview de Rob Jo Star Band - RJSB pour les plus flemmards en mode cigales et Ricard qui le prononceront d’une voix empâtée défiant toute articulation à la manière d’un rot. Cinq mois que le sigle « RJSB » s’inscrit dans la colonne « choses à faire ». Alors j’abuse du temps passé pour juste me dire que seulement maintenant je suis prête à tenter de décrypter, à tenter de traduire des idées sans déchirer leurs bas et leurs culottes. Prête à me laisser happer par l’étrangeté, à accepter de me perdre, de me noyer un peu pour tenter de capter l’essence de ce groupe. 5 mois, c’est beaucoup. Peu à l’échelle de l’histoire de ce groupe crée en 1973 et qui mourut, revécu, survécut. Trop avant-gardiste, trop novateur pour des oreilles hourdies par la variétoche 70’, trop français ou pas assez. Un seul album, pas de concerts hors des terres du sud, deux ans de vie avant de se disloquer et de se reconstituer depuis 2013. Et pourtant, leur culte existe et tend à les pointer comme une figure majeure de l’underground rock français de l’époque. Ils auraient pu remplir des stades sur d’autres continents, ce fût MJC, bars et amphis de la fac. Marginaux et étudiants pour public. Sud ingrat, je te reconnais bien là. Qu’est-ce qui les a fait manquer ce statut sacro-saint au royaume du rock de "groupe alternatif incontournable" au profit d’une reconnaissance tardive de "groupe culte underground aussi mystérieux qu’éphémère". La faute à quoi ou à qui ? A pas de chance ? A l’absence de label adéquat ? Aux français qui n’aiment pas leurs produits locaux ? On voudrait souvent réécrire les histoires. Sortir les morts des baignoires de médicaments, thérapeutiser les relations entre les membres de groupes, virer les producteurs véreux à coup de santiags, avorter les groupes « commerciaux » dans l’utérus des maisons de disques. On se voudrait tout-puissants dans l’histoire du rock. Mais est-ce que l’art a pour mission d’être juste ? Est-ce que l’art a pour vocation première de donner le succès au mérite ? Ce serait alors faire fi de ce groupe sans concession, qui a aimé et aime se vautrer dans la fange de la contre-culture, aller à la limite de l’art brut et de la folie dans la création. Retour et projections sur ce qu’est et peut-être Rob Jo Star Band qui cherche depuis 1973 son public du futur. ******** Rob Jo Star Band fut formé à Montpellier au début 1973 sur fond d’anarchisme, de révolte de fin d’adolescence, de beat et de nique, d’influence locale archéologique et d’influences internationales. D’abord, il y a a ce “ROB”de David ROBert Jones, aka David Bowie, dans sa période « The Man Who Sold The World » et « Ziggy Stardust and the Spiders from Mars ». Leur style ? J’ai dû trouver autant de qualificatifs que d’articles sur la toile [Attention si vous n’avez pas de BAC+5 en histoire de la musique, vous ne pouvez pas comprendre ce paragraphe] ce qui va de « Heavy Psyché & Electronica ” à “Synth Rock - Néo-Psychedelia »en passant par « Garage Rock Avant-Prog Psychedelic ». Leur son acid et trash parfois les a même désigné par certains critiques comme les « précurseurs du punk en France ». Ce à quoi RJSB répond très vite « Nous on n’est pas pour le tout à fond. On n’est pas dans un esprit punkeur pour faire du bruit ! Et puis ça ne veut trop rien dire les genres… et souvent, c’est même qu’une question d’habillement. On a même été glam-rock ! » (Mick). Il est vrai que le groupe est avant-gardiste avec ces sons, qui surgissent de planètes éloignées, lancés de part et d’autres par le générateurs de bruits «Waves generators ». Tous ces sons électroniques sont en effet incorporés dans cette table de mixage inventée par Sergio avec les moyens du bord. Un bouton. Un son. Mais pas seulement, il transforme aussi le son des instruments, même sur scène, histoire de sortir du formatage des synthés de l’époque et de revenir aux sources du rock psychédélique avec des sonorités expérimentales. Tonio (Chant, guitare), Mick (Basse, Choeur et songwriter), Sergio (synthé et effets electroniques), Arno (batterie et machindrums) A la scène, comme au studio, très peu pour eux ! Du psychédélique, ils tirent ces jams en live. Du côté rock, ils se tournent vers les New York Dolls, Iggy & the Stooges, le Velvet Underground. Dans les références citées, il y a aussi Television, Brian Eno- Sergio ayant même pris à l’époque le pseudo de Brian- mais aussi MC5. On trouve aussi dans les gênes, les groupes krautrock comme CAN, Agitation Free, Amond Düll II ou Neu ! Et puis on doit aussi citer Hawkwind ou King Crimson. La liste est longue. Il y a dans tous les cas, une volonté nette de se dégager de la scène underground française du moment et des groupes comme Ange ou Magma. Ils font aussi le choix de chanter principalement en anglais, en alliant parfois des jeux de mots franglais, mais ne cherchent pas se désengager de l’identité française pour autant. Le principal n’est pas tant la langue que le sens des textes. "Nos paroles sont engagées. Il y a des textes à tiroir dans les anciens morceaux. « Acid Revolution », ce n’est pas seulement la révolution de l’acide sur le versant psychédélique-drogue, c’est aussi un texte sur les révolutions loupées et le coup de manivelle qui s’en suit. Le message était post-68 mais il demeure d’actualité comme on voit chez nos amis du Maghreb. On en a connu et il y en aura d’autres. Les américains aiment bien les paroles car ils saisissent les double sens. On est peut-être plus appréciés en pays anglophones pour ces raisons. Le français va traduire mais avec un accès littéral. » (Mick). Le son, les textes… Mais pas seulement, il y a aussi une volonté de rechercher un mode de déclamation des textes, d’improviser, de jouer des sons et des lumières, d’être un collectifs de gens inspirés. Une sorte de puit du fou dans le département du rock. Le ROB JO STAR BAND- De la consécration loupée à la consécration maladroite Leur premier album éponyme fut le premier album enregistré pour un groupe de Montpellier. 40 minutes d’enregistrement au studio Lumi-Son de Marignane en mars 74’ dans les conditions du live avec une volonté de ne pas surajouter d’artifices, d’effets, de garder un son brut. On y retrouve les étonnantes distorsions, le fuzz de la guitare, les sons électroniques des Waves generators, les solos aussi. La sonorité se veut psyché, trash, noise ou garage. Et la voix. Parfois omniprésente, parfois juste instinctive ou criarde. Pressé le 1er juin 1974 d’abord en 1500 exemplaires par le label DOM, il fut réédité en 1975 à 1000 exemplaires par Dom 2. Auto-sabordage en règle qui suit très vite : des départs pour raisons personnelles (révision de l’histoire : en supprimant le service militaire, Jacques Chirac permit à bon nombre de groupe de musique de survivre), la difficulté de s’engager dans cette voie, de prendre des décisions unifiées, un conflit avec leur label DOM qui ne leur versera pas un centime sur les ventes de l’album. Des projets qui tombent à l’eau, d’autres qui tiennent mais qui tombent quand même par mimétisme à l’eau. Split au bout de deux années d’existence. Pas si éphémère quand même le Rob Jo Star Band avec des résurrections régulières entre le DJ officiel du Gibus qui mixera régulièrement un de leur morceaux à la fin des années 70, une seconde résurrection plutôt radiophonique à la fin des années 90 entre Grande-Bretagne, dans les pays scandinaves, germaniques, nord-américains et asiatiques. Après une réédition pirate chez Pomme en 2010, vient l’édition 2013 de l’album (en vinyle et en CD) et comportant les 9 titres et 2 bonus sur le label parisien Born Bad. L’étincelle de succès arrive enfin avec la vente de cet album et la promotion relayée dans maintes revues de référence. Les Rob Jo Star Band pourraient s’en contenter ! Refaire quelques interviews dans les revues d’amateurs passéistes qui se masturberont en songeant qu’ils le savaient que c’était un super groupe en 1974 ! Ou bien faire quelques events pour maniaques de l’underground. Ou bien encore témoigner de l’ambiance de l’époque parce que c’est toujours mieux avant. Le vinyle originel est devenu de son côté un produit de collection surcôté, véritable objet de consommation culturelle. Le comble pour ce groupe de contre-culture qui tente de mettre en avant d’abord le collectif créatif et l’état d’esprit à la ville plutôt que le marketing qui va avec. Le ROB JO STAR BAND – une version 4.0 sur fond de collectif régénéré à la sauce heavy Le groupe s’est reformé en 2013, alliant la réédition matérielle de l’album et la réédition du groupe. La tentation est grande de cantonner le RJSB dans la catégorie des groupes éphémères undergound du passé et c’est d’ailleurs ce que vous trouverez la plupart du temps sur le net. Ou on peut aussi choisir de se dire qu’il y a autre chose dans cette résurgence que la volonté d’être réhabilités. L’éphémère meurt peut-être chaque jour, mais la plante refleurit tout l’été et tous les ans. Alors ? Retour en 1974 avec le psyché et le vintage qui cartonnent en ce moment ou branchement direct sur la prise électrique de 2074 ? Loin de l’idée que les groupes ne trouvent grâce que dans la line-up originelle, le groupe varie et s’ouvre à des musiciens plus jeunes, « On est un collectif, on veut se renouveler. On commence à avoir de l’âge, il faut laisser la place aux jeunes. Ce n’est pas parce que les leaders s’en vont que le groupe doit s’arrêter. » (Mick). Exit le 5è membre et changement de batteur avec Arno sous influence jazz et à la guitare et au chant avec Tonio, qui joue aussi dans The Roadies of the D, lui, sous influence heavy : - Au début c’était un peu compliqué car j’arrive d’un univers très métal et hard rock. La première fois, leurs morceaux m’ont fait rire. Mais je suis ouvert, d’abord par curiosité puis aussi car j’avais le désir de faire autre chose. Je travaillais alors ma voix depuis 6-8 mois ; ça ça l’a fait pour eux. Dans mes groupes précédents, plutôt d’influence rock américain, on s’efforçait de faire très carré et de reproduire la même chose en live. On n’avait pas le niveau technique pour partir en jam alors que je le trouve dans Rob Jo Star Band. Mais je ne suis pas encore bon pour trouver des bonnes mélodies au chant. Je suis guitariste à la base, pas chanteur. (Tonio) - C’est un modeste ! Perfectionniste ! Quand tu fais de la musique psychédélique, tu ne peux pas être perfectionniste. Il y a toujours un côté…un peu à l’arrache… (Mick) Alors, forcément, le live et sa part d’improvisation demeure l’incontournable pour ce groupe qui est même prêt à faire foirer le solo de basse par un solo de batterie. - On écrit une base solide et vu qu’on est d’accord entre nous sur celle-ci, on peut jouer sur la durée et on saura quoi faire pour se remettre dedans. On se regarde et on suit. (Mick) - Si on voit que le public accroche, on peut doubler le solo, le tripler. On s’en fout ! La dernière fois, c’est parti du batteur et on a fait un jam de 20 minutes ! Il a commencé tout seul. Mais il y avait deux mecs de l’Est, genre de gueules féroces, qui me disaient « branche tes amplis, nous, on va jouer avec lui ». Ça m’a convaincu d’y aller aussi ! (Tonio) En concerts, leur set fait revivre les morceaux emblématiques des années 1974 et propose de nouvelles chansons avec un son actualisé - Le public était content de notre dernier concert. Ils pensaient même qu’on était un groupe de cover de 74. C’est un bon compliment quand même ! Je suis née 12 ans après le premier album donc je ne peux pas faire croire à ma présence originelle. Je n’ai pas dû être assez clair la dernière fois. (Tonio) - On ne fait pas la même chose quand même, on s’est adapté à la voix de Tonio. Les morceaux sont modernisés. (Sergio) - Quand tu réécoutes le premier album dans son édition originale c’est un peu atonal, pas toujours bien accordé. La réédition est légèrement accélérée, la tonalité est un peu au-dessus mais entre deux, ça se rapproche plus de la tonalité actuelle adaptée à ma voix. (Tonio) Et les petits sons électroniques alors ? Passés à la moulinette de la modernité ? - On a eu du mal à le convaincre de refaire des sons et c’est pourtant ce qui plait. Il pourrait retrouver les mêmes mais il n’a pas envie ! (Tonio) - Je n’ai plus la machine, je ne peux pas refaire les mêmes ; je l’ai démonté, ça prenait trop de place ! Je joue avec un clavier et un ordinateur utilisé plutôt utilisés par les groupes scandinaves. Je veux du neuf ! J’ai du coup une tonne de sons et j’essaye de trouver les passages où ils seront les mieux. (Sergio) Alors pour cette résurrection, ils se confrontent aux mêmes difficultés que les groupes crées plus récemment : difficultés à être catalogué dans la case du « genre » attendu par le programmateur, chronophagie de la recherche de dates, coût de la production ou des concerts éloignés, difficultés à impulser une communauté et des collaborations avec d’autres groupes…Alors, ce serait quoi le succès ? « On ne veut pas être un groupe de têtes d’affiches mais plutôt avoir un public qui nous suit dans les tournées, qu’on retrouve un peu partout. Même si c’est un public de 50, ça nous va ! Jouer devant 50 ou 10 000, c’est pareil ! » Ce serait donc ça la contre-culture de 2015 ? Alors vous. Public amateur ponctuel qui rêve d’être so in au royaume de l’underground et at the place to be visible. Vous, programmateur désengagé de toute conviction au profit des profits. Toi petite merde de hipster qui croit que c’est in d’être out. Et si on inversait la vapeur ? Interview & mise en texte de Marion LC, RocknRhône.

Rob Jo Star Band « Revolt’s light »
Posted on 11 mai 2016 - 08:58 by Hervé in Actu, Chroniques, News, Rock | 1 Comment
Quarante deux ans entre deux albums : qui dit mieux ? Pour Rob Jo Star Band, il a simplement fallu attendre que le premier opus soit culte pour les décider à se reformer et écrire le chapitre 2 de leurs aventures.

Rob Jo Star Band_Revolt’s lightRob Jo Star Band… Les plus anciens, et les plus initiés, se souviennent peut-être de ce groupe rock psychédélique montpelliérain du début des années 70. Esprit communautaire et bidouillages électroniques ont marqué leur passage commette à la scène comme dans les bacs avec un seul album durant leurs deux années d’existence officielle Mais quel album ! Devenu culte au fil des ans, l’opus éponyme finit par être classé dans le Top 10 des meilleures rééditions (pirates) vinyles aux Etats Unis ! Il n’en fallait pas plus pour titiller les musiciens qui décident de rééditer l’album en 2013 et d’ajouter une nouvelle partition à leur histoire. C’est chose faîte en 2016 avec les six titres de « Revolt’s light ». Évitons toutes comparaisons avec la dernière livraison. Plus de quarante ans se sont écoulées… Prenons ce nouveau rendez-vous comme il est : rock et sans nostalgie. Très rock même avec un premier titre au riff stonien et à la guitare bien grasse. Il n’y aurait quelques effets électroniques, que l’aspect psychédélique de l’ensemble passerait inaperçu. Ceci dit, déjà à l’époque, on sentait que le Garage électrisait fortement leurs Gibson. Aujourd’hui, le reste de l’album est à l’unisson : rageur et très rock’n’roll, même quand le tempo ralenti la cadence. Désormais les clins d’œil punks ont laissé place au soleil californien et aux ambiances heavy. Et le fameux Waves Generators (un générateur de sons directement branché sur la table de mixage) a disparu au bénéfice d’un clavier et d’un ordi. Autres temps, autres mœurs.

Hervé Devallan
Rob Jo Star Band « Revolt’s light » – (Auto Production) – 2.5/5

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